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On sait qu’un jour les enfants partent mais avait-on compris que ce jour-là on n’aurait plus rien à élever ? Certes, ils restent dans les parages, avec si tout va bien du plaisir à se voir, des moments à partager, des demandes à entendre, des échanges à inventer. Et puis on le voit venir de si loin qu’on s’impatiente des innombrables retours en arrière. Puisque vous partez, partez donc, que je retrouve cette légèreté oubliée de ne rien devoir au quotidien. Vient le mouvement qui finalement les dégage de cette emprise douce. C’est ailleurs, seuls ou avec d’autres qu’ils déploient l’énergie quotidienne, les levers et les couchers, les menus accrocs qui tissent la continuité. On est soulagé, un peu vide aussi, mais surtout cette roue au cœur de nos gestes qu’il suffisait d’alimenter s’est décalée. Il n’y a plus qu’à s’organiser pour la suite.