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Depuis bientôt deux heures, Euclides disserte. A la moindre relance, la machine repart sans laisser aucune chance à la discussion. L’écoute flottante, mon dernier rempart, est devenue inefficace depuis environ une demi-heure. J’ai tenté le mouvement, croisé, décroisé, recroisé les jambes, sans aucune lueur de connivence. Mes deux compagnons restent impassibles, assommés ou subjugués. Je n’entends plus le portugais, les seules fluctuations de la langue m’agacent. L’impatience se diffuse depuis les jambes dans tout le corps, j’avance et recule sur ma chaise. D’un coup, la limite est atteinte, je me trouve prisonnière de la péroraison. Les heures passées à écouter sans broncher mon père discourir sur Euclide refluent jusqu’à l’insupportable. Euclide, entre deux glissements sur ma chaise, je fais le lien. Redressement du buste, je dois sortir de ce piège. Dès qu’il reprend sa respiration, je l’interromps.